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CONTES MYSTIQUES

La cadette des Fées jumelles partit, et son galant ne la revit jamais, jamais.

Alors, le prêtre et son clerc dirent la messe du mariage, à l’intention des deux autres fiancés. Cela fait, le cadet dit aux mariés :

— « Adieu. Je m’en vais loin, bien loin, me rendre moine dans un couvent. Dites à mon père et à ma mère qu’ils ne me reverront jamais, jamais. »

Le cadet partit aussitôt, et l’aîné amena sa femme chez ses parents. Le soir, avant de se mettre au lit, elle dit à son mari :

— « Écoute. Si tu tiens à moi, prends bien garde de ne m’appeller ni fée, ni folle. Autrement, il arriverait un grand malheur.

— Femme, sois tranquille. Jamais je ne t’appellerai ni fée, ni folle. »

Pendant sept ans, l’homme et la femme vécurent en contentement. Ils étaient riches comme la mer, avec sept garçons au château.

Un jour que le mari était parti pour la foire, la femme commandait à la place du maître. C’était vers la mi-juillet. Il faisait un temps superbe, et les blés étaient presque mûrs.

La maîtresse du château regardait le ciel.

— « Allons, valets. Allons, métayers. Vite, vite. Coupez le blé. Serrez les gerbes. Vite, vite. La grêle et la tempête sont proches.