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SUPERSTITIONS

te condamne à marcher à pied. Descends de cheval, et donne ta bête au premier pauvre qui passera. »

Saint Pierre obéit. Mais il n’était pas content. Au bout de sept lieues, le maître prit pitié du valet.

— « Saint Pierre, tu n’en peux plus. Je veux te venir en aide. Récite seulement un Pater, sans rien penser qu’à ta prière, et je te donne un cheval pareil à celui que je t’ai pris.

Pater noster, qui es in cœlis, sanctificetur… Dites-moi, Bon Dieu, ce cheval sera-t-il aussi sellé et bridé comme l’autre ?

— Marche à pied, saint Pierre. Tu n’as pas gagné ton cheval. »

Saint Pierre obéit. Mais il n’était pas content. Au bout de sept lieues, le maître prit pitié du valet, et il lui rendit un cheval pareil à celui qu’il lui avait pris.

Tout en cheminant, ils rencontrèrent une charrette de foin versée. À genoux sur la route, le bouvier pleurait et criait :

— « Mon Dieu ! Ayez pitié de moi. Relevez ma charrette. Ayez pitié de moi.

— Bon Dieu, dit saint Pierre, n’aurez-vous pas pitié de ce pauvre homme ?

— Non, saint Pierre. Marchons. Celui qui ne s’aide pas ne mérite pas d’être aidé. »