main, à la pointe de l’aube, la Petite Demoiselle se leva pour peigner du lin. Et le lin criait :
— « Aïe ! aïe !
— Souffre, lin, souffre, disait la Petite Demoiselle. Moi, j’ai bien souffert. On m’a coupé le poignet, on m’a mis une enfant morte dans le tablier. Et pourtant je suis ici. »
Alors, les étrangers qui l’entendaient dirent :
— « Vous êtes bien la Petite Demoiselle.
— Non, je ne la suis pas. Vous voyez bien que je ne suis pas manchote. Vous voyez bien que l’enfant que j’ai avec moi n’est pas morte.
— Petite Demoiselle, il faut que vous veniez avec nous.
— Non, je ne veux pas y aller. »
Mais les étrangers emmenèrent la Petite Demoiselle par force, avec l’enfant, et ils les reconduisirent dans leur pays. Comme ils approchaient du village, les cloches se lancèrent d’elles-mêmes à la volée. Et à partir de ce moment, les récoltes redevinrent là aussi belles que dans les autres paroisses[1].
- ↑ Dicté par Cadette Saint-Avit, du hameau de Cazeneuve, commune du Castéra-Lectourois (Gers).