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CONTES DIVERS

jeune, fort et hardi. Sinon, je te condamne à l’épouser tel qu’il est, tel qu’il restera jusqu’à la mort. »

Tandis que Cagolouidors parlait ainsi, le Pou ne perdait pas son temps. Il grimpait, sans être vu, jusque dans l’oreille de la petite meunière. Alors, il lui souffla doucement, bien doucement :

— « Petite meunière, n’aie pas peur. Laisse faire Cagolouidors. Tes trois cheveux cachés, je me charge de les retrouver. Ainsi, je redeviendrai un beau garçon, jeune, fort et hardi.

— Cagolouidors, dit la petite meunière, voici ma tête. Prends-y ce qu’il te faut. »

Tandis que Cagolouidors arrachait les trois cheveux de la tête de la petite meunière, et les enroulait autour d’un petit morceau de bois, le Pou ne perdait pas son temps. Il descendait de l’oreille de la jeune fille, et se logeait dans les cheveux de son ennemi. Ainsi caché, il écoutait et regardait sans être vu.

Cagolouidors partit. Toute la nuit, il marcha du côté du midi, du côté de la ville d’Auch. Juste à la pointe de l’aube, il était à Auch, au quartier de Saint-Pierre[1], tout proche d’un puits profond et noir. Là, il regarda tout autour de lui, pour voir si nul ne le guettait, prit un des

  1. Quartier d’Auch, sur le bord du Gers.