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CONTES MYSTIQUES

Cagolouidors rentra dans le vieux saule creux, et Jean du Ramier reprit son chemin le long du Gers. Alors, la petite meunière ramena son bétail à l’étable. Chemin faisant, elle pensait :

— « Il se prépare pour moi de bien tristes choses. »

C’était vrai.

Une heure après le coucher du soleil, la petite meunière soupait avec ses parents. Tout-à-coup un grand bruit se fit entendre sur le toit du moulin. La cheminée fumait, fumait. Par le tuyau, tomba dans la chambre un homme haut d’une toise, noir comme l’âtre.

C’était Cagolouidors.

— « Bon appétit, braves gens. J’apporte un mari pour la petite meunière. »

Cagolouidors tira de sa poche une boîte, l’ouvrit, et jeta sur la table un pou gros comme un haricot.

— « Tiens, petite meunière, voici le beau garçon qui vient te demander en mariage à tes parents. Jean du Ramier l’avait choisi jeune, fort et hardi. Moi j’en ai fait ce que tu vois. Petite meunière, approche. Je vais arracher trois cheveux de ta tête, pour les cacher où il me plaira. Dans trois jours, je reviendrai. Si tu devines alors où sont cachés tes trois cheveux, ton Pou redeviendra, sur-le-champ, un beau garçon,