blanche cheminait le long du Gers, le bâton à la main, la besace sur le dos.
— « Petite meunière, la charité pour l’amour de Dieu et de la sainte Vierge Marie. Pater noster…
— Tiens, pauvre, voici mon pain.
— Petite meunière, merci. Ta charité te sera payée. Petite meunière, je sais à quoi tu penses, tout en filant ta quenouille. Tu penses : « Aujourd’hui j’ai dix-huit ans sonnés. Bientôt, quelque beau jeune homme viendra me demander en mariage à mes parents. »
— Pauvre, tu as deviné juste. Qui es-tu ?
— Petite meunière, je suis Jean du Ramier[1]. Petite meunière, patience. Tu auras contentement. »
En ce moment, un homme, haut d’une toise et noir comme l’âtre, sortit du vieux saule creux. C’était Cagolouidors[2], un gueux plus méchant que cent diables, et qui avait grand pouvoir sur terre.
— « Jean du Ramier, dit-il, c’est moi qui me charge de trouver le beau jeune homme qui viendra demander la petite meunière en mariage à ses parents. »