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CONTES MYSTIQUES

le pays où le Prince des Sept Vaches d’Or s’était mis sur la paille, à combler ses amis de dîners et de présents, et à faire de grandes aumônes. Une heure après la venue du Valet noir, le tambour du village criait partout :

— « Ran plan plan, ran plan plan, ran plan plan. Vous êtes avertis que le Prince des Sept Vaches d’Or est mort. Il était redevenu plus riche que jamais. Le Valet noir est son héritier. Pour obéir au commandement de son maître, l’héritier comptera mille pistoles à chacun des amis du mort, et cent écus à chaque pauvre du pays. Demain matin, tout le monde sera payé, »

Le lendemain matin, les amis et les pauvres étaient si nombreux, qu’on eût dit un jour de grande foire au village.

— « Pauvre Prince des Sept Vaches d’Or ! Il ne nous a pas oubliés. Pour lui, nous aurions traversé l’eau et le feu. »

Tout cela ne dura guère. Le Valet noir arrivait au grand galop de son cheval, une barre de chêne à la main, avec une meute de chiens, hauts et forts comme des taureaux.

— « Hardi, mes chiens ! Css ! css ! Mordez les ! Tiens, ivrogne ! Tiens, cochon ! Tiens, voleur ! Attrapez cela, et mettez-y du sel. Voilà les legs du Prince des Sept Vaches d’Or. Pan ! pan ! » Et le Valet noir frappait à grand tour de bras