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LES MORTS

— « Monsieur, monsieur, voici un squelette, enveloppé d’un grand linceul. »

Le valet parlait encore, quand le mort entra dans la chambre.

— « Je viens souper avec toi. Tu vois que je n’oublie rien.

— Mort, tu es un homme de parole. — Allons, valet. Vite une chaise. Vite, un couvert. Vite, fais porter le souper, et monte-nous du vin vieux. »

Le mort s’attabla donc en face du monsieur, qui ne le laissait manquer de rien.

— « Allons, mort, buvons un coup.

— Merci. Les morts ne boivent pas.

— Mange, alors.

— Je mangerai tant que tu voudras. »

Le maître du château avait fort à faire, pour tenir toujours pleine l’assiette de son invité. Mais le mort ne faisait que semblant de manger, et jetait sous la table tout ce qu’il avait l’air de porter à sa bouche. Le souper fini, le mort dit à son compagnon :

— « Ton souper était bon. Maintenant, c’est à moi de t’inviter. Je t’attends demain, à minuit, dans l’église qui est au milieu de mon cimetière. Si tu ne viens pas, il t’arrivera de grands malheurs.

— Mort, fais mettre mon couvert. »

Le mort repartit pour son cimetière. Sur-le--