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CONTES MYSTIQUES

— Jean de Calais, tu m’en a promis la moitié. Je n’en veux que la moitié. Obéis au roi de France. Tire ton épée, et fais deux portions de ton enfant. »

Jean de Calais tira son épée. Il était pâle comme un mort.

— « Jean de Calais, arrête, cria le grand Oiseau Blanc. Ce que tu m’avais promis, je te le donne. Garde ton enfant tout entier. Jean de Calais, tu m’as fait service. Je t’ai payé. Nous sommes quittes. Adieu. Je m’en retourne en paradis. »

Et le grand Oiseau Blanc s’envola. On ne l’a revu jamais, jamais.

Le lendemain, Jean de Calais et tous les siens s’embarquaient à Bordeaux. Un mois après, ils étaient à Lisbonne en Portugal. Alors, le roi dit à son gendre :

— « Jean de Calais, je suis vieux. Désormais, j’entends que tu commandes à ma place. »

Ce qui fut dit fut fait. Jean de Calais commanda selon le droit et la justice, et vécut longtemps heureux parmi les siens[1].

  1. Dicté par Marianne Bense, du Passage-d’Agen (Lot-et Garonne), veuve d’un marinier, qui navigua près de quarante ans sur la Garonne, la Baïse, et le canal du Languedoc. Marianne tient de son mari ce conte, que feu Justine Dutilh, fille d’un marinier de Marmande, me récita, il y a vingt ans,