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CONTES MYSTIQUES

promis, et le grand Oiseau Blanc m’a tenu parole. Roi de France, jugez-nous.

— Roi de France, répondit l’intendant, cet homme en a menti. Je le jure par mon âme.

— J’en ai menti, traître. Il y a un Bon Dieu au ciel. Le Bon Dieu est juste. Tire ton épée, et faisons bataille. »

En ce moment, un grand Oiseau Blanc vint se percher sur la plus haute tour du château.

Du haut de la tour du château, le grand Oiseau Blanc parla.

— « Roi de France, écoute. Je suis bon témoin. Ceux qui sont en paradis n’en reviennent pas pour mentir. Roi de France, je suis l’âme d’un pauvre mort. Plus loin que Marmande, mon corps gisait au bord de la Garonne, nu comme un ver, et rongé des chiens. Ainsi le veut la coutume de ce pays, quand un homme meurt sans payer ses dettes. Jean de Calais a payé pour moi. Il m’a fait porter au cimetière. Il m’a fait dire des messes. Il est venu, à minuit, prier Dieu sur ma fosse. Voilà comment Jean de Calais m’a fait service. Je ne l’ai pas oublié. Voilà pourquoi je l’ai secouru sur la mer grande, et nourri sept ans sur un rocher, sur un rocher sans arbres ni verdure. Voilà pourquoi je l’ai porté, dans une heure, sur le seuil de ton château. Roi de France, Jean de Calais a bon droit. Je ne veux pas qu’il