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GRÉCO-LATINES


besaces étaient pleines. Assis tous deux, au bord d’un gave, ils comptaient.

— « Une, deux, trois, quatre… nonante-huit, nonante-neuf, cent cornes d’or. Et maintenant, nous sommes assez riches. Demain, nous retournerons chez notre mère. »

En ce moment, le soleil baissait. Un Bécut passa, chassant devant lui ses bœufs et ses moutons aux cornes d’or.

— « Le Bécut ! le Bécut ! Sainte Vierge, ayez pitié de nous. »

Ils jetèrent leurs besaces, et partirent au grand galop.

Mais le Bécut avait tout vu. Il les prit, les jeta dans son grand sac, et repartit jusqu’à sa caverne, fermée d’une pierre plate du poids de cent quintaux.

D’un coup d’épaule, le Bécut écarta la pierre, compta son bétail, le poussa dans la caverne, et referma l’entrée

Cela fait, il secoua son grand sac à terre.

— « Petits chrétiens, soupez avec moi.

— Avec plaisir, Bécut. »

Le Bécut jeta une demi-canne[1] de bûches dans l’âtre, alluma le feu, saigna un mouton,

  1. Mesure locale. En Gascogne, la canne varie selon les localités. En général, elle équivaut à peu près à 3 stères 20.