Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
TRADITIONS


enfants. Partez, à la grâce du Bon Dieu et de la sainte Vierge Marie. »

Le frère et la sœur saluèrent leur mère, et partirent, le bâton à la main, la besace sur le dos.

Pendant sept mois, ils marchèrent, de l’aube à la nuit, du côté du soleil couchant, vivant d’aumônes, et dormant dans les étables par charité.

Enfin, ils arrivèrent dans un pays sauvage et noir, dans un pays de hautes montagnes, où les gaves tombent de trois mille pieds. Là, il n’y a ni prêtres, ni églises, ni cimetières. Là, vivent les Bécuts, des géants hauts de sept toises. Ces géants n’ont qu’un œil, juste au beau milieu du front. Tout le long du jour, ils gardent leurs bœufs et leurs moutons aux cornes d’or, et ramènent ce bétail dans les cavernes, le soir, au coucher du soleil. Quant à faire bonne chère, la viande ne leur manque pas. Pour dîner, ils tuent un bœuf, pour souper, un mouton. Mais ils ne font aucun cas des cornes d’or, et les jettent. Quand ils attrapent un chrétien, ils le font cuire, tout vif, sur le gril, et l’avalent d’une bouchée.

Chaque jour, du lever au coucher du soleil, le frère et la sœur cherchèrent des cornes d’or dans les montagnes, se cachant comme ils pouvaient, sous les buissons, parmi les rochers, pour n’être pas vu des Bécuts. Au bout de sept jours, leurs