Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
GRÉCO-LATINES


faim et soif, le pain et le vin ne manquaient pas dans la besace et dans la gourde. Quand elle avait envie de dormir, elle se couchait par terre, et sommeillait. Au bout d’un an, elle entendit chanter dans la nuit :

— « Je suis l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour, l’herbe qui brise le fer. Je suis l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour, l’herbe qui brise le fer. »

Aussitôt, la reine tira son couteau d’or, et marcha, dans la nuit, vers l’endroit d’où venait la chanson. Tout-à coup, ses souliers de fer se rompirent. Elle avait marché sur l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour, l’herbe qui brise le fer.

Avec son couteau d’or, la reine coupa l’herbe, qui chantait toujours :

— « Je suis l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour, l’herbe qui brise le fer. »

La reine referma son couteau d’or.

Elle repartit, dans la nuit, marchant pieds nus parmi les épines. Elle marcha longtemps, longtemps. Enfin, la nuit finit, et le soleil se leva.

La reine était au bord de la mer grande, tout proche d’un petit bateau.

La reine monta dans le petit bateau, et partit sur la mer grande. Pendant sept jours et sept nuits, elle ne vit que ciel et eau. Le matin du