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TRADITIONS


— « Reine, dit l’herbe bleue, ne me coupe pas, avec ton couteau d’or. Je suis l’herbe bleue. Mais je ne suis pas l’herbe qui chante nuit et jour, l’herbe qui brise le fer. »

La reine ferma son couteau d’or, et repartit. Trois jours après, elle arriva dans le pays où il ne fait ni jour ni nuit, et où la lune éclaire toujours. Là, elle marcha tout un an. Quand elle avait faim et soif, le pain et le vin ne manquaient pas dans la besace et dans la gourde. Quand elle avait envie de dormir, elle se couchait par terre, et sommeillait. Au bout d’un an, elle trouva l’herbe bleue de la tête à la racine, l’herbe bleue comme la fleur du lin.

L’herbe bleue chantait :

— « Je suis l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour. Je suis l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour. »

Aussitôt, la reine tira son couteau d’or.

— « Reine, dit l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour, ne me coupe pas, avec ton couteau d’or. Je suis l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour. Mais je ne suis pas l’herbe qui brise le fer. »

La reine referma son couteau d’or, et repartit.

Trois jours après, elle arriva dans le pays où il n’y a ni soleil ni lune, et où il fait nuit toujours. Là, elle marcha tout un an. Quand elle avait