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PRÉFACE


passé, fût venu contrôler mes aptitudes et ma sincérité de collecteur, dans les communes susnommées, et que son enquête eût précisément porté sur les textes popularisés d’après mon premier recueil. Ce critique m’aurait à coup sûr loué sans réserves, sur de simples apparences, sur des images fidèles, mais non des réalités. Il aurait pris de simples échos, pour des bruits de première origine.

Je n’insiste plus. Pour moi, la garantie de tout collecteur gît, avant tout, dans son aptitude et dans son honneur scientifiques, attestés par le public compétent de la province, parlant par la voix des Académies régionales, surtout par la voix des critiques indigènes et spéciaux, comme le sont, en Gascogne, MM.  Léonce Couture, Ad. Magen, V. Lespy, l’abbé Paul Tallez[1].

Ma longue pratique me permet d’affirmer, au moins pour mon domaine, qu’en règle très générale, les narrations les plus faibles, les plus altérées, proviennent des demi-lettrés, notamment des instituteurs primaires, qui en savent trop pour rester naïfs, et pas assez pour le redevenir. J’aurai pourtant à signa-

  1. Sur ce point, je suis pleinement d’accord avec mon vieil ami V. Lespy, romaniste et folk-loriste dès longtemps autorisé. Nous avons causé là-dessus, lors de mon dernier voyage à Pau. Je garde fidèle souvenir des contes béarnais, encore inédits, et si consciencieusement rédigés, que Lespy me lut, la veille de mon départ. Pourquoi donc ne les fait-il pas imprimer ?