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AVENTURES PÉRILLEUSES


peur ni crainte. Alors, l’homme pensa qu’il n’avait plus, pour cette nuit-là, qu’une seule fois à changer de forme, et il attendit longtemps, avant de prendre son parti. Enfin, il se changea en vent, et s’élança sur la sentinelle.

Mais le Bâtard se méfiait, et il attendit sans peur ni crainte. D’un seul coup de sa vieille épée de chevalier maltais, il trancha le vent en deux, et l’homme tomba par terre en deux morceaux.

— « Bon ! pensa le Bâtard. Le grand aigle ne m’avait pas menti. Maintenant, je puis me présenter devant mon père, le roi de France. »

Alors, il alla trouver le général.

— « Bonjour, général. J’ai fait passer le goût du pain à l’homme qui avait le pouvoir de se changer en toutes sortes de choses sept fois par nuit.

— Merci, Bâtard. Maintenant, la guerre sera bientôt finie, et nous pourrons tous retourner au pays. Dis-moi, Bâtard, en quoi l’homme s’était-il changé, quand tu lui as fait passer le goût du pain ?

— Général, il s’était changé en vent, et je l’ai tranché en deux.

— Tu as tranché le vent en deux ! Vite, montre-moi ta langue.

— Général, vous ne verrez pas ma langue. Pour cela, je ne vous dois pas obéissance.