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AVENTURES PÉRILLEUSES


maintenant assez de bien pour nous faire vivre tous deux avec nos enfants. En attendant que tu prouves que tu es noble, j’attendrai tant que le Bon Dieu voudra. Si tu reviens, compte sur moi comme sur toi. Si tu meurs, je me rendrai religieuse dans un couvent, et je prierai Dieu pour ton âme, jusqu’à ce qu’on me porte au cimetière. »

Le Bâtard salua la demoiselle, et partit. Tout en filant son chemin, il pensait :

— « Voilà une brave demoiselle. Si j’en fais ma femme, je ne serai pas à plaindre. »

Après sept jours de voyage, le Bâtard arriva, vers le coucher du soleil, devant la porte d’un grand château.

— « Mon ami, dit-il à un passant, quel est le maître de ce château. Mon cheval est essoufflé. Je veux demander ici le logement pour la nuit.

— Gardez-vous-en bien, monsieur. Ce château est mal habité. Jusqu’à présent, tous ceux qui y sont entrés n’en sont jamais revenus.

— Merci, mon ami. Je n’ai peur de personne, et je veux prendre ici le logement pour la nuit.

— Que le Bon Dieu vous garde, monsieur. »

Le Bâtard entra sans peur ni crainte, et fouilla tout le château, depuis la cave jusqu’au grenier, sans trouver ni maîtres ni valets. Pourtant un grand feu brûlait dans la cheminée de la grand’-