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AVENTURES PÉRILLEUSES


pour tuer les ennemis. Moi, je m’en vais en paradis, et j’y prierai le Bon Dieu de te payer le service que tu m’as fait. »

Le vieux prêtre mort rentra sous terre, la pierre retomba, les cierges s’éteignirent, et le Bâtard demeura seul dans l’église, jusqu’à la pointe de l’aube. Alors, il prit, derrière l’autel, la vieille épée de chevalier maltais, et s’en alla frapper à la porte du château de Sérillac.

— « Bonjour, noble.

— Bonjour, Bâtard.

— Noble, j’arrive de la guerre, et je suis capitaine. Maintenant me voilà riche. Bientôt tu auras la preuve que je suis d’un sang plus grand que le tien ; mais à présent, il m’est commandé de me taire. Garde-moi toujours ta fille, et dis aux galants de s’écarter d’elle. Autrement, je suis capable de faire de grands malheurs.

— Bâtard, je ferai mon possible pour te contenter. »

Le Bâtard salua le noble et sortit. Comme il traversait un petit bois, devant le château, il rencontra la demoiselle.

— « Bonjour, demoiselle.

— Bonjour, Bâtard. J’étais derrière la porte de la chambre, quand tu es venu parler à mon père, et je ne veux pas d’autre homme que toi. Retourne-t-en au service du roi de France. Tu as