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LES BELLES PERSÉCUTÉES


Le jeune homme était blanc comme farine, et tremblait comme une queue de vache.

— « Ma fille, parle librement.

— Père, j’épouserai ce jeune homme préférablement à tout autre. Mais je veux auparavant que son père et lui vous aident à reprendre le château d’où vous ont chassé mes sœurs aînées. »

Alors, le roi et son fils firent assembler aussitôt tous les hommes du pays, et les armèrent de sabres et de fusils. Tout ce monde se mit en chemin pendant la nuit, et se rendit maître du château des deux sœurs aînées, qui ne s’attendaient à rien. Ces deux carognes furent pendues avec leurs maris, et leurs corps ne furent pas portés en terre sainte. On les abandonna dans un champ, et les chiens, les corbeaux et les pies, les rongèrent jusqu’aux os.

Voilà ce qui fut fait. Alors, le roi dit au père de la gardeuse de dindons :

— « Mon ami, reprends ton château, et redeviens roi comme au temps passé. Maintenant, il faut songer à la noce de mon fils et de ta fille. »

Jamais les gens du pays ne virent une si belle noce. Cent foudres de vin vieux furent mis en perce. On tua je ne sais combien de veaux et de moutons. Pendant trois jours et trois nuits, cent femmes furent occupées, nuit et jour, à plumer les dindons, les chapons et les canards. Mangeait