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LES BELLES PERSÉCUTÉES


moine. Dis-moi où cette jeune fille demeure, et nous monterons tous deux à cheval, pour aller la demander en mariage à son père.

— Père, je ne sais pas où elle demeure.

— Eh bien, va me chercher le tambour de la commune. »

Le jeune homme obéit.

— « Tambour, voici cent pistoles. Va-t-en crier partout que la demoiselle qui pourra chausser ce petit soulier rouge sera la femme de mon fils. »

Le tambour partit, et cria partout, comme il en avait reçu l’ordre. Pendant trois jours, le château du roi fut plein de demoiselles, qui venaient pour essayer le petit soulier rouge. Mais aucune ne pouvait le chausser. La gardeuse de dindons les regardait faire, et riait de tout son cœur.

— « À ton tour, gardeuse de dindons, dit le fils du roi.

— Vous n’y pensez pas, monsieur. Je ne suis qu’une pauvre petite paysanne. Comment voulez-vous que je fasse ce que n’ont pu faire toutes ces belles demoiselles ?

— Allons ! Allons ! criaient les demoiselles. Faites approcher cette insolente qui se moquait de nous tout-à-l’heure. Si elle ne peut chausser le petit soulier rouge, qu’elle soit fouettée jusqu’au sang. »

La gardeuse de dindons s’approcha, en faisant