Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
LES BELLES PERSÉCUTÉES


son cheval, et partit au galop pour le château où le fils du roi s’en était allé danser.

Quand elle entra dans le bal, les joueurs de vielle et de violon cessèrent de jouer, les danseurs de danser, et tous les invités disaient :

— « Quelle est cette belle demoiselle ? »

Enfin, les joueurs de vielle et de violon recommencèrent leur musique, et le fils du roi prit la jeune fille par la main pour la mener à la danse. Mais, au premier coup de minuit, elle laissa son danseur en plan, sauta sur son cheval, et repartit au galop. En s’échappant, elle perdit, dans le bal, son petit soulier rouge du pied droit.

Depuis le premier jour où la jeune fille avait paru dans le bal, le fils du roi en était devenu si amoureux, si amoureux, qu’il en avait perdu le boire et le manger. Il ramassa le petit soulier rouge, et le fit essayer aux demoiselles du bal. Mais toutes avaient le pied trop grand pour le chausser. Alors, il mit le petit soulier rouge dans sa poche, et s’en revint au château de son père.

— « Père, je suis tombé amoureux d’une jeune fille qui a perdu ce petit soulier rouge dans le bal. Si vous ne me la donnez pas en mariage, vous serez cause d’un grand malheur. Je m’en irai loin, bien loin, me rendre moine, dans un pays d’où je ne reviendrai jamais, jamais.

— Mon fils, je ne veux pas que tu te rendes