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LES BELLES PERSÉCUTÉES


vielle et de violon cessèrent de jouer, les danseurs de danser, et tous les invités disaient :

— « Quelle est cette belle demoiselle ? »

Enfin, les joueurs de vielle et de violon recommencèrent leur musique, et le fils du roi prit la jeune fille par la main, pour la mener à la danse. Mais, au premier coup de minuit, elle laissa son danseur en plan, sauta sur son cheval et repartit au galop. Le lendemain, elle s’en alla garder les dindons, comme de coutume ; et le fils du roi qui la rencontra, en allant à la chasse, pensa :

— « C’est étonnant comme cette jeune paysanne ressemble à la belle demoiselle que j’ai vue au bal la nuit passée. »

Le soir même, après souper il s’habilla de neuf, monta à cheval, et partit encore pour le bal. Que fit alors la gardeuse de dindons ? Pendant la veillée, elle se dit malade, et fit semblant d’aller se coucher. Mais elle descendit secrètement à l’écurie, sella et brida un cheval, et lui donna double picotin d’avoine. Ensuite, elle remonta dans sa chambre, et ouvrit la besace où étaient les hardes qu’elle avait rapportées de chez son père. Cela fait, elle se peigna avec un peigne d’or, se chaussa de bas blancs, et de petits souliers rouges en maroquin de Flandre, mit une robe couleur du soleil, redescendit à l’écurie, sauta sur