Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/319

Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
LES BELLES PERSÉCUTÉES


« — Demoiselle, n’ayez pas peur. J’ai fait tout ceci pour vous sauver du bourreau. Vos chemises et vos plus belles hardes sont dans ma besace. J’y ai mis aussi des habits de paysanne que vous allez revêtir tout de suite. Avant de me louer comme valet chez votre père, j’ai servi dans le château d’un autre roi. Sa femme ne me refusera pas de vous prendre, comme gardeuse de dindons. Là, vous serez bien cachée. »

En effet, le valet amena La fille du roi dans ce château. La reine la prit à son service, comme gardeuse de dindons, et lui donna son logement dans une chambrette, sous un escalier. Cela fait, le valet revint chez son maître. En traversant le bois, il tira son sabre, tua sa chienne, et lui arracha la langue.

« — Maître, j’ai tué votre fille, et je vous rapporte sa langue.

— Valet, je suis content de toi. Voici cent louis d’or pour ta peine.

— Cent louis d’or, maître ! Ce n’est pas assez pour un pareil travail.

— Eh bien, valet, en voilà cent autres.

— Et vous, mesdames, ne me donnerez-vous rien, pour avoir tué votre sœur, et pour vous avoir rapporté sa langue ?

— Valet, nous te donnerons chacune autant que notre père.