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LES BELLES PERSÉCUTÉES


— Mes filles elle mourra. Mais vous autres, vous m’aimez, et vous ne tarderez pas à recevoir votre récompense. Attendez-moi ici. »

Le roi redescendit au fournil, où le valet pétrissait toujours, et lui conta ce qui venait de se passer.

« — Maintenant, valet, l’épreuve est faite. Va me quérir le notaire, pour qu’il partage ma terre entre mes deux filles aînées, et le bourreau pour qu’il fasse mourir ma dernière.

— Maître, les paroles sont des femelles ; mais les actes sont des mâles. Votre épreuve n’est pas bonne. À votre place, je jugerais mes filles sur ce qu’elles feront, et non pas sur ce qu’elles ont dit.

— Tais-toi, valet. Tu ne sais pas ce que tu dis. Tais-toi, ou je t’assomme de coups de bâton. »

Quand le valet vit le roi brandir son bâton, il fit semblant de changer d’avis.

« — Eh bien, maître, j’ai tort. Vous parlez comme un livre. Faites à votre volonté. Je vais aller quérir le notaire, et je veux servir moi-même de bourreau à votre dernière fille. Je la mènerai dans un bois, je la tuerai, et je vous rapporterai sa langue.

— Tu vois bien, valet, que tu es de mon avis. Va-t-en d’abord quérir le notaire. »

Donc le valet alla quérir le notaire. Le roi