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LES BELLES PERSÉCUTÉES


— « Affile, affile, coutelas. — Par le cou de ma femme tu passeras.

— Bergerette, jolie Bergerette, que vois-tu du plus haut de la tour ?

— Madame, vos deux frères sont une lieue plus près[1]. — Sauvez votre vie, si vous pouvez. »

Dans la cour, Barbe-Bleue avait fini d’aiguiser son coutelas sur la pierre.

— « Descends, carogne. Descends, ou je monte. »

Alors, la dame monta sept autres marches de l’escalier.

— « Mon ami, le temps de faire ma prière. — Bergerette, jolie Bergerette, que vois-tu du plus haut de la tour ?

— Madame, vos deux frères sont tout près, tout près. — Sauvez votre vie, si vous pouvez. »

Alors, la Dame monta jusqu’au plus haut de la tour. Ses deux frères mettaient pied à terre devant la porte du château.

De la cour, Barbe-Bleue criait :

— « Descends, carogne. Descends, ou je monte. »

  1. En gascon, cela forme deux vers :

    Madamo, bostes dus frais soun uo lèguo mès près.
    Saubatz bosto bito, se poudètz.