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LES BELLES PERSÉCUTÉES


Le Fils du Roi de France devint pâle comme un mort.

— « Par mon âme, cette belle demoiselle est la même que la servante dont je suis amoureux fou. »

La Belle Jeanneton marchait toujours sur la mer. À cent pas du bord, elle s’arrêta pour chanter :

— « Le Drac m’a volée[1].
Par le pied il m’a attachée
Avec une chaîne dorée.
Demain, je serai revenue. »

Le soleil baissait. Alors, la Belle Jeanneton dit :

— « Drac, tire la chaîne,
Dans la mer m’emmène. »

Aussitôt, le Drac tira la chaîne dorée, et ramena sa prisonnière au château.

Depuis le coucher du soleil, le Fils du Roi de France, tout seul dans sa chapelle, pria Dieu jusqu’à la pointe de l’aube. Alors, il se choisit une hache large et tranchante, détacha son grand

  1. En gascon, cela forme quatre vers :

    Lou Drac m’a panado.
    P’ou pè gauch m’a estacado
    Damb’uo cadeno daurado.
    Douman que serèi tournado.