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LES BELLES PERSÉCUTÉES


« Drac, tire la chaîne[1],
Dans la mer m’emmène. »

Aussitôt, je tirerai ta chaîne dorée, pour te ramener au château. »

Ce qui fut dit fut fait. Chaque matin, la Belle Jeanneton s’en allait courir sur la mer. Quand elle était lasse, elle disait :

« Drac, tire la chaîne,
Dans la mer m’emmène. »

Aussitôt, le Drac tirait la chaîne dorée, et ramenait sa prisonnière au château.

Un jour, la Belle Jeanneton courait ainsi sur la mer. Elle arriva tout proche du château du Fils du roi de France. Les cochers, qui faisaient baigner leurs chevaux, l’aperçurent, et coururent prévenir leur maître.

— « Fils du Roi de France, regardez, regardez courir sur la mer cette belle demoiselle, avec sa robe couleur du soleil, et sa couronne d’étoiles. »


  1. En gascon, cela forme deux vers :

    Drac, tiro la cadeno,
    Dens la mar m’ameno.

    J’ai observé que Mademoiselle Victorine Sant, la jeune fille, de qui je tiens ce conte, dit constamment mar, qui est le mot provençal et languedocien, et non ma, qui est le terme gascon. Mademoiselle Sant est de Sarrant (Gers), sur les confins du Languedoc et du Bas-Quercy.