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LES BELLES PERSÉCUTÉES


vite qu’un éclair, il la saisit, et l’emporta dans son beau château, dans son beau château plein de statues d’or et d’argent, dans son beau château bâti sous les eaux, tout au beau milieu d’un jardin, planté de grands arbres et de fleurs de mer.

— « Belle Jeanneton, je suis le Drac. Je suis le Roi des eaux. Tiens, prends cette robe couleur du soleil. Prends cette couronne d’étoiles. Belle Jeanneton, écoute. Je suis amoureux fou de toi. Marions-nous. Tu seras ma reine.

— Drac, tu n’es pas de la race des chrétiens. Nous ne nous marierons jamais, jamais. »

Alors, le Drac devint tout bleu de colère. Mais il était trop amoureux pour faire mal à sa maîtresse.

— « Belle Jeanneton, le temps est proche où tu feras à ma volonté. Jusque-là, tu ne m’échapperas pas. »

Cela dit, le Drac prit un anneau d’or, et le riva, à grands coups de marteau, au pied gauche de la Belle Jeanneton. À cet anneau, il attacha une chaîne dorée, fine comme un cheveu, forte comme une barre d’acier, et longue de sept cents lieues.

— « Belle Jeanneton, voici qui me répond de toi. Sur la mer, où je commande, tu peux courir où tu voudras. Quand tu seras lasse de courir, tu diras :