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LES BELLES PERSÉCUTÉES


— « Dragon Doré, tu es plus fort que moi. Pourtant, tu ne me tueras pas. Il est dit que je vivrai jusqu’au jour du jugement, pour ne pas ressusciter. Écoute. Prends la Demoiselle en croupe. Partez sur ton grand cheval-volant. Jusqu’à la pointe de l’aube, j’ai pouvoir de vous tourmenter. Dis un mot, retourne-toi vers ta belle, je l’emporte, et tu ne la retrouveras jamais, jamais.

— Maître de la Nuit, tu seras obéi. »

Le Dragon Doré prit la Demoiselle en croupe, et le grand cheval-volant partit dans les airs, aussi vite qu’un éclair. Mais le Maître de la Nuit était monté derrière la pauvre fille. Il la mordait jusqu’au sang, et la secouait terriblement. Pourtant, la Demoiselle ne criait pas.

Alors, le Maître de la Nuit comprit qu’il perdait son temps, et tira son épée, pour frapper le Dragon Doré par derrière.

— « Dragon Doré, cria la Demoiselle, Dragon Doré, défends-toi. »

Le Dragon Doré se retourna.

— « Mère de Dieu ! Le Maître de la Nuit m’a volé la Demoiselle. Mère de Dieu ! Où sont-ils ?  »

Alors, le grand cheval-volant parla :

— « Dragon Doré, m’aimes-tu ?

— Oui, je t’aime mon grand cheval-volant. Bien souvent, tu m’as fait service, et tiré de peine