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LES BELLES PERSÉCUTÉES


En ce moment, passait une femme, noire comme l’âtre, et vieille comme un chemin.

— « Bonsoir, mes amis. Voulez-vous que je vous tire de peine ?

— Toi, pauvre vieille ? Et que peux-tu faire pour nous ? »

La femme, noire comme l’âtre, et vieille comme un chemin, souffla. Aussitôt, tous trois se trouvèrent emportés, avec le mulet chargé d’or, sur le sommet de la montagne.

— « Mes amis, je suis la Mère des Vents. Mes enfants sont en voyage. Moi, je les attends, une heure après le coucher du soleil. Mais je n’ai rien pour les faire souper, et j’ai peur qu’ils ne me battent.

— N’aie pas peur, Mère des Vents. Tiens. Voici cent écus. Va vite acheter de quoi souper.

— Merci, mes amis. Entrez dans ma maison. Moi, je vais chercher des vivres. »

Cinq minutes plus tard, la Mère des Vents rentra, chargée de pain, de viande et de vin. Pendant que les casseroles et la broche menaient leur danse, la vieille dit à La Fleur et à son valet :

— « Mes amis, mangez, buvez, vite, et retirez-vous dans cette chambrette. Mes fils vont rentrer. Je ne veux pas qu’ils vous voient.

— Mère des Vents, tu seras obéie. »