Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
ET VENGEANCES


Tout ce sale monde partit, et le fils du roi se mit en route. Longtemps, bien longtemps, il voyagea sous terre, sans jamais rencontrer personne. Dans sa besace, il trouvait, chaque matin, juste assez de pain pour ne pas crever de faim. Dans sa gourde, il trouvait, chaque matin, juste assez de vin pour ne pas crever de soif. Mais, un jour, il entendit crier à faire pitié.

— « Ah ! ah ! ah ! »

C’était un homme vêtu de haillons, couché au bord du chemin. Il avait les cheveux roux comme une carotte, et puait plus que cent charognes.

— « Ah ! ah ! ah !

— Qu’as-tu donc, mon pauvre ami ?

— Ah ! ah ! ah ! Je ne puis plus mettre un pied devant l’autre. Je crève de faim et de soif. Par pitié, jeune homme, tire-moi d’ici. Ah ! ah ! ah ! »

Alors, le fils du roi pensa : « Il faut avoir pitié des pauvres gens. »

— « Tiens, mon ami, mange ce petit morceau de pain. Bois une goutte à ma gourde. Allons, donne-moi le bras. Marchons. Je te tirerai d’ici. »

Longtemps, bien longtemps, le fils du roi et l’homme au poil roux voyagèrent sous terre, sans jamais rencontrer personne. Dans la besace, ils trouvaient, chaque matin, juste assez de pain pour ne pas crever de faim. Dans la gourde, ils trou-