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CHÂTIMENTS


— Maître, je suis votre berger. »

Le lendemain, à la pointe de l’aube, le fils du roi siffla ses deux grands chiens, ouvrit la porte de l’étable, et s’en alla garder, au bord de la mer grande, son troupeau de trois cents brebis blanches et noires. À la tombée de la nuit, il revint, portant trois loups morts sur son dos.

— « Tenez, maître. Voici votre troupeau de trois cents brebis blanches et noires. Le compte y est. Voilà trois loups morts. Je leur ai tordu le cou comme à des poulets. Allez faire la quête des œufs et du lard, et gardez-m’en bonne portion[1]. »

Le jour suivant, à la pointe de l’aube, le fils du roi siffla ses deux grands chiens, ouvrit la porte de l’étable, et retourna garder, au bord de la mer grande, son troupeau de trois cents brebis blanches et noires. C’était au temps de l’été. Vers midi, le garçon se coucha, pour dormir, à l’ombre d’un vieux chêne. Accroché sur le tronc de l’arbre, un pivert se désolait.

— « Quiou quiou quiou.

— Pivert, tu me casses la tête. Je veux dormir. Qu’as-tu donc tant à te désoler ?

  1. Il est d’usage, en Gascogne, que ceux qui tuent un loup, un renard, un blaireau, ou une fouine, courent le pays, avec le corps de la bête, pour recueillir, dans les habitations rurales, des dons en nature, tels que du lard, des œufs, etc., et quelquefois de l’argent.