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ET VENGEANCES


du château. Quelque jour, on viendra nous dire qu’on l’a trouvé mort dans un fossé. Ce ne sera pas une grande perte. »

Voilà ce que disait la reine. Mais elle pensait :

— « Patience ! Quand mon fils aîné sera grand et fort, il n’oubliera pas ce que j’endure pour lui. »

Pendant un an, le fils du roi marcha droit, toujours tout droit devant lui, depuis le lever du soleil jusqu’à la nuit. Enfin, il arriva au bord de la mer grande, dans le pays des Landes, dans le pays des pins et de la résine. Là, il entra dans une métairie.

— « Bonjour, métayer et la compagnie.

— Bonjour, mon ami. Que me veux-tu ?

— Métayer, n’auriez-vous pas besoin d’un valet. Je n’ai que quinze ans. Pourtant je suis fort, adroit, et hardi.

— Mon ami, j’ai besoin d’un berger, pour garder, au bord de la mer grande, un troupeau de trois cents brebis blanches et noires. Si tu fais mon affaire, je te donnerai ta nourriture et ton entretien, et tous les ans je te compterai vingt écus[1] de gages.

  1. Nos paysans gascons continuent encore à compter par pistoles (dix francs), et par grands et petits écus (six francs, trois francs), bien que ces monnaies ne circulent plus.