Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
ET VENGEANCES


— Grand oiseau je ne suis pas. Je suis ton Apprenti. Pendant sept ans passés, j’ai souffert mort et passion, dans une tour, au bord de la mer grande. Forgeron du Pont-de-Pîle, tu veux des nouvelles de ta fille, des nouvelles de la Reine des Vipères. Écoute. Ta fille est en deux morceaux, la tête et le corps, accrochés à ma ceinture de fer. Tiens. Ramasse-les dans le Gers, et tâche de les recoudre. »

Le Forgeron du Pont-de-Pîle criait comme un aigle dans la rivière.

— « Forgeron du Pont-de-Pîle, tu n’as pas fini de souffrir. Cherche ta peau d’homme dans le saule creux. Cherche, mon ami. Cherche bien. Je la tiens accrochée à ma ceinture de fer. Et maintenant, tu es loutre pour toujours. »

Le Forgeron du Pont-de-Pîle plongea dans le Gers. On ne l’a revu jamais, jamais.

Alors, l’Apprenti partit, cent fois plus vite qu’une hirondelle, vers la maisonnette de sa mère.

— « Pan ! pan !

— Qui frappe ?

— Ouvrez, mère.

— Jésus ! Maria ! C’est toi, mon fils. Il y a sept ans passés que je t’espérais.

— Mère, je n’ai pas eu le loisir de rentrer plus tôt. Je suis content de voir que le Bon Dieu et la sainte Vierge Marie vous ont conservé la santé.