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ET VENGEANCES


Le fils du roi tint parole. Jusqu’à l’heure de l’enterrement, il garda seul le corps de son père. Avec l’aiguille d’or et l’écheveau de soie, il le cousit dans le beau linceul de lin. Cela fait, il jeta de l’eau bénite, s’agenouilla, et pria Dieu.

Le lendemain, les cloches sonnaient le glas. Neuf prêtres chantaient, sur le chemin du cimetière. En tête du deuil marchait, l’épée à la ceinture, un pauvre voilé de noir.

Les prières chantées, le pauvre arracha son voile noir, et le jeta dans la fosse.

— « Peuple, je suis le roi. Peuple, la peste noire est chassée. J’ai rapporté la Fleur Dorée, la fleur de baume, la fleur qui chante comme un rossignol. Mais mon pauvre père est mort, sans me pardonner. Jeunes gens, prenez exemple. »

Le roi rentra dans son château, pour y commander selon le droit et la justice. Pendant trois ans, il porta le deuil du pauvre mort. Cela fait, il épousa une princesse belle comme le jour, et pieuse comme une sainte. Longtemps, bien longtemps, ils vécurent avec leurs enfants. Pourtant, le roi avait fini d’être heureux, car son père était mort sans lui pardonner[1].

  1. Dicté par le vieux Cazaux. Pauline Lacaze, et Catherine Sustrac, savent aussi ce conte, mais d’une façon moins complète.