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CHÂTIMENTS


Le pauvre se tut, et le capitaine repartit. Alors, il pensa :

— « Méfie-toi. Tu ne t’es pas chargé d’un petit travail. Tâche de ne rien dire, de ne rien faire, qui donne à comprendre ce que tu veux. Peut-être ce pauvre a-t-il dit la vérité. »

Le pauvre avait dit la vérité. Le capitaine fit parler plus de vingt personnes. Toutes haïssaient le roi et la reine, et regrettaient l’ancien roi. Enfin, le capitaine arriva devant le Louvre de son père, et frappa sans peur ni crainte.

— « Pan ! pan ! Valets, voici la nuit. Je crève de faim et de soif. Mon cheval n’en peut plus. Faites-moi parler au roi. Il ne me refusera pas à souper et à coucher, pour cette nuit.

— Monsieur, depuis ce matin, le roi est parti seul en voyage, monté sur son grand cheval blanc. Il ne reviendra que demain soir, au coucher du soleil. La reine est seule dans son Louvre.

— Eh bien ! valets, faites-moi parler à la reine. »

Les valets obéirent.

— « Bonsoir, reine. Voici la nuit. Je crève de faim et de soif. Mon cheval n’en peut plus. Ne me refusez pas à souper et à coucher, pour cette nuit.

— Mon ami, viens souper avec moi. Valets, préparez une belle chambre. »