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ET VENGEANCES


moyen, le galant et la reine furent les maîtres du pays.

Quand le roi se réveilla dans sa tour, il se mit à songer bien tristement.

— « Ce que je souffre, je le mérite. J’ai fait un péché mortel, quand je suis allé trouver la bûcheronne. Pourtant il ne fallait pas que ma terre fût partagée entre mes gendres. Il ne fallait pas que la paix du peuple fût perdue. »

Pendant que le roi songeait et pleurait dans sa tour, la bûcheronne vivait seulette dans sa maison. Au bout de neuf mois, elle accoucha d’un garçon beau comme le jour. Il avait une fleur-de-lys d’or sur la langue. Trois jours après, la bûcheronne le portait elle-même à l’église, et disait au curé :

— « Curé, baptisez cet enfant. Il a une fleur-de-lys d’or sur la langue. Le roi veut qu’il s’appelle Louis, comme son père. »

Le curé obéit, et la bûcheronne rapporta l’enfant dans sa maison. Là, ils demeurèrent quinze ans, travaillant comme des galériens, et gagnant tout juste de quoi ne pas mourir de faim. Souvent, l’enfant disait à sa mère :

— « Mère, mon père est-il mort ou vivant ? »

La bûcheronne se taisait. Mais un jour, elle parla.

— « Mon ami, ton père n’est pas mort. Ton