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CHÂTIMENTS


seuls à la maison. Mais les hommes qui manqueront à l’appel, feront connaissance avec le fouet du bourreau[1]. »

Le dimanche venu, le peuple, à la sortie de vêpres, s’assembla sur la grand’place de la ville. Tout au beau milieu de la grand’place, le roi se tenait debout, le chapeau sur la tête, l’épée au côté. Il était si triste, si triste, que chacun prenait pitié de lui. Pourtant, il ne pleurait pas, parce qu’un homme ne doit pas pleurer, surtout quand il commande, et quand il est devant le monde. Derrière le roi, se tenaient le bourreau et ses deux valets habillés de rouge. Chacun d’eux portait un fouet, garni de balles de plomb, et un grand coutelas bien affilé.

— « Gens du pays, écoutez. — Tout-à-l’heure, ma mère sera conduite ici, pour y répondre de ce qu’elle a fait. Mais aucun de mes juges n’a pouvoir pour condamner la mère du roi. Je vais la

  1. Cazaux disait : « Avec le fouet de Rascat. » Ce Rascat était bourreau de la sénéchaussée de Lectoure, avant la Révolution. Il devint ensuite exécuteur des arrêts criminels à Auch, où il guillotina un parent de ma grand’mére paternelle, condamné à mort, comme royaliste, par la commission ambulatoire venue de Bayonne. Sous la Restauration et le gouvernement de Juillet, Rascat s’était retiré à Lectoure, où il vivait d’une petite pension de l’État, augmentée du salaire que la ville lui comptait, comme percepteur des droits d’étalage, les jours de foire et de marché. Dans leurs récits, les vieux conteurs lectourois personnifiaient volontiers tous les bourreaux dans Rascat.