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CHÂTIMENTS


et hardi. Doucement, bien doucement, il descendit à l’écurie, sella son meilleur cheval, et partit au galop dans la nuit noire.

À la pointe de l’aube, il frappait en secret à la porte de son plus grand ami.

— « Écoute. Le malheur est sur moi. Je m’en vais je ne sais où. Demain, va trouver ma belle, dans le château de son père, et dis-lui : « Le malheur est sur votre ami. Il s’en est allé je ne sais où. Sa femme, vous ne la serez jamais, jamais. Pourtant, il a fini de parler aux filles, et il ne vous oubliera pas. Retirez-vous dans un couvent. Prenez le voile noir, et priez Dieu pour votre ami, jusqu’à ce qu’on vous porte au cimetière. »

— Roi, vous serez obéi. »

Le roi repartit au galop dans la nuit noire. Le lendemain, il était dans une ville sept fois plus grande que Toulouse. Là, il vendit son épée, ses beaux habits, son cheval, donna l’argent aux pauvres, et s’en alla, comme un mendiant, le bâton à la main, la besace sur le dos. Enfin, il arriva sur une montagne si haute, si haute, que les aigles seuls y pouvaient voler. Sur cette montagne, le roi se bâtit une cabane. S’il avait soif, il buvait aux sources. S’il avait faim, les herbes et les fruits sauvages ne manquaient pas.

Un soir, le roi priait Dieu dans sa cabane. Il pria longtemps, bien longtemps, et s’endormit.