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ET VENGEANCES


— À ta santé, femme.

— À votre santé, mère.

— Merci. Trinquons encore. »

Tous trois vidèrent leurs verres. Cinq minutes après, le roi devint vert comme l’herbe.

— « Qu’avez-vous, père ? »

Le roi tomba sous la table. Il était mort.

On l’enterra le lendemain. Son fils donna beaucoup d’or et d’argent, pour les aumônes et les prières. Au retour du cimetière, il dit aux gens du château :

— « Valets, faites mon lit dans la chambre de mon pauvre père.

— Roi, vous serez obéi. »

Le nouveau roi s’enferma dans la chambre de son pauvre père. Il se mit à genoux, et pria Dieu bien longtemps. Cela fait, il se jeta, tout vêtu, sur le lit, et s’endormit. Le premier coup de minuit le réveilla. Un fantôme le regardait sans rien dire.

Le mort prit son fils par la main, et le mena, dans la nuit, à l’autre bout du château. Là, il ouvrit une cachette, et montra du doigt une fiole à moitié pleine.

— « Ta mère m’a empoisonné. Tu es roi. Fais-moi justice. »

Le mort referma la cachette, et partit. Le roi suait de peur. Pourtant, c’était un homme fort