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ET VENGEANCES


La reine écoutait sans rien dire. Mais elle pensait :

— « Ah ! Dans six mois, je ne serai plus maîtresse au château. Nous verrons. »

Après souper, elle prit son fils à part.

— « Écoute, mon fils. Chasse, cours les fêtes patronales, et donne-toi du bon temps. Mais tu es encore trop jeune pour te marier. Prends des maîtresses. Les jolies filles ne manquent pas. »

Le jeune homme baissa la tête, sans répondre. Le lendemain, il partit pour la chasse avant l’aube, et ne rentra qu’à la nuit. Chaque jour, la même vie recommençait. Le roi n’était pas content, et bien souvent il disait :

— « Mon fils, tu rentres chaque soir, chargé de lièvres et de perdrix. Quand donc nous apporteras-tu, toute vive, une brave et jolie bru ?

— Patience, père. Rien ne presse. »

Enfin, le roi n’y put plus tenir.

— « Ah ! pensa-t-il, tu ne veux pas choisir une femme. Eh bien ! je la choisirai pour toi. »

En effet, sept jours après, le roi d’un pays voisin arrivait en visite au château, avec sa fille, une princesse belle comme le jour, et sage comme une sainte. La princesse chantait comme une sirène toutes sortes de chansons. Alors, le fils du roi oublia la chasse. Du matin au soir, il restait assis auprès de sa belle.