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CHÂTIMENTS


vingt-et-un ans, son père le surveilla de près. À la moindre faute, il le mandait près de lui.

— « Écoute, lui disait-il. Quand je serai mort, tu commanderas à ma place. Alors, il n’y aura personne pour te châtier. Tant que j’y suis, je vais faire mon devoir. »

Et le roi prenait un bâton, et frappait à grand tour de bras. Cela fait, il envoyait son fils en prison, coucher par terre, avec de l’eau pour boire, avec du pain noir pour manger. C’est pourquoi le jeune homme devint vite si sage, si honnête, que tout le monde disait :

— « Le fils vaut le père, et le père vaut le fils. Quand le roi sera mort, nous savons qui gardera le pays dans la justice et la paix. »

Un soir, sur la fin du souper, le roi dit à son fils :

— « Écoute. Je t’aime, parce que tu es sage, juste, fort et hardi. Demain, tu auras vingt-et-un ans sonnés. Je suis vieux. Bientôt, je te ferai roi à ma place. En attendant, prends tous les chevaux, tous les chiens, tout l’argent que tu voudras. Chasse, cours les fêtes patronales, et donne-toi du bon temps. Dans six mois, j’entends que tu te maries. Choisis une brave fille à ton goût. Je ne serai content que lorsque je la verrai commander en maîtresse au château.

— Merci, père. Vous serez obéi. »