Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
TRADITIONS


Sept mois après, ils arrivaient à la maisonnette de leur mère.

Le garçon vida son sac à terre.

— « Bonjour, mère. Voici nonante-neuf cornes d’or, nonante-neuf cornes de bœufs et de moutons, ramassées au pays des Bécuts. Nous sommes riches. Vivons heureux[1]. »

  1. Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Je me souviens fort bien que, lorsque j’avais dix-huit ans, la femme de chambre de ma mère, nommée Rose, et native de Mirande (Gers), me récita un conte semblable. M. Camoreyt, secrétaire de la mairie de Lectoure (Gers), m’a signalé naguère un autre narrateur, Sonbrun, sergent de ville à Lectoure, natif de Bonnefont, canton de Trie (Hautes-Pyrénées). Sonbrun n’a pas encore la soixantaine. Voici la substance de ce second récit, bien moins complet que celui de Pauline Lacaze. — Deux jeunes frères, voyageant dans les montagnes, sont faits prisonniers par un Bécut, qui les emporte dans sa caverne, fermée d’une lourde pierre. À souper, l’un des jeunes gens le charme par de nombreux contes. Le Bécut, qui veut en savoir davantage, lui promet de ne le manger que le lendemain. Il fait cuire l’autre sur le gril, et en offre un morceau au survivant qui refuse. Celui-ci profite du sommeil du Bécut, pour l’aveugler avec un tison ardent. Aux cris de l’aveugle, les autres Bécuts arrivent, mais ne peuvent trouver le jeune homme, caché dans un coin obscur de la caverne. Après leur départ, le garçon veut s’échapper. Il ne peut renverser la pierre qui ferme la grotte. Enfin, il s’échappe, affublé d’une peau de mouton, qui trompe la méfiance du Bécut, et qui lui reste dans la main.