de toi demain, quand tu m’auras dit tous tes beaux contes. »
Le garçon était blanc de colère ; mais il ne pouvait rien contre le Bécut. Il regardait sa sœur griller toute vive à petit feu. La pauvrette serrait dans sa main droite la petite croix d’argent, dont sa mère lui avait commandé de ne se séparer ni nuit ni jour.
— « Mon Dieu, criait-elle, ayez pitié de moi ! Sainte Vierge, à mon secours !
— Ah ! carogne. Tu pries Dieu, même en grillant toute vive. Attends, attends. »
D’une bouchée, le Bécut l’avala toute vive. Puis, il se coucha par terre, le long de l’âtre.
— « Petit chrétien, conte-moi des choses de ton pays. »
Le garçon parla jusqu’à minuit. De temps en temps, le Bécut l’interrompait.
— « Petit chrétien, attise le feu. J’ai froid. »
Une heure après minuit, le Bécut, plein de viande et de vin, ronflait comme un orage. Alors, le garçon pensa :
— « Et maintenant, nous allons rire. »
Doucement, bien doucement, il s’approcha de l’âtre, empoigna un tison rouge et pointu, et le planta, de toute sa force, dans l’œil du Bécut.
— « Han ! »