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Pendant l’exposition universelle de 1867, on avait ouvert un concours entre les musiciens pour la composition d’une cantate et d’un hymne. Bizet et Guiraud prirent part à ce concours sous un pseudonyme inscrit dans le pli cacheté joint aux manuscrits. On verra dans la première lettre de juin 1867 que celui de Bizet était Gaston de Betsi, et Tésern, celui de Guiraud, mais Guiraud, je crois, n’avait adopté le pseudonyme que pour l’hymne. Tous deux avaient donné l’adresse des compositeurs imaginaires à Montauban ; Bizet, chez moi, Guiraud, chez un de mes amis. La cantate était jugée par eux intéressante ; ils pensaient qu’on pouvait écrire avec elle de la vraie musique, et celle de Bizet était belle, en effet. L’hymne, au contraire, accompagné par une fanfare, leur paraissait n’être qu’un chœur d’orphéon, et ils le tournaient en charge, s’étudiaient à être vulgaires. Bizet, pour qu’on ne reconnût pas son écriture, me le faisait copier, et je me souviens d’une bonne soirée de travail à nous trois, au mois de mai, rue Fontaine, Guiraud et lui orchestrant leurs cantates, moi