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chapitre quatrième

lesquels les vagues viennent expirer doucement, diraient, s’ils pouvaient parler, comme le Ruisseau de Tennyson : Go on for ever. La nature semble avoir créé le lac George dans un de ses jours les plus heureux. Le lac a trente-quatre milles de long, et sa largeur varie d’un à quatre milles. Sa plus grande profondeur est à peu près la même que celle du Champlain. Comme tous les lacs américains où il est de mode d’aller prendre des bains, il possède, lui aussi, ses trois cent soixante-cinq îles.

Débarqué du Mayeta, je suivis, dans une route côtoyant la montagne, un sentier étroit qui me conduisit au milieu d’une forêt. Dans un vallon désert habitait un certain Levy Smith qui me conduisit à travers les bois jusqu’à Hague ; je dînai à l’hôtel et repris ma route par la côte jusqu’à la pointe Sabbath Day. À quatre heures du soir, le bateau à vapeur qui fait le service de Ticonderoga me ramenait à l’extrémité sud du lac.

Dans cette direction, de hautes montagnes ferment le lac, et l’on est forcé d’avancer dans les « Narrows », au milieu de beaucoup de charmantes îles. Sur l’une d’elles M. J. Henri Hill, artiste ermite, a fixé sa modeste demeure, où il travaille depuis le matin jusqu’au soir, hiver comme été. Trois chèvres et un écureuil lui tiennent seuls compagnie dans ce lieu solitaire.

Par un hiver des plus froids, lorsque la glace sur les lacs avait deux pieds d’épaisseur, et que les forêts portaient un manteau de neige, le frère de M. Hill, ingénieur civil, vint aussi dans ces régions glacées. Les deux frères étudièrent les « Narrows » et dressèrent une carte de cette partie du lac George avec ses îles parfaitement