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EN CANOT DE PAPIER.

si vos péchés étaient aussi noirs que l’encre, ils deviendraient blancs comme neige. »

Après le sermon, la congrégation chanta le cantique suivant sur une mesure très-lente :

Petits enfants, vous devriez vous dire (ter) :
J’irai demeurer au ciel après ma mort.
J’iraiDoux ciel, mon seul but (ter).

J’irai demeurer au ciel après ma mort.
Plût au Seigneur que je fusse dans le ciel
Pour voir ma mère lorsqu’elle y entrera,
Pour voir sa coiffure et ses longues robes blanches ;
Elle y brillera comme le cristal au soleil.
Elle yDoux ciel, mon seul but (ter).

Pendant que je visitais une des villes de la Géorgie, où les noirs avaient fait des efforts pour améliorer leur condition, je pris quelques notes à la Société des affranchis, établie en ce lieu. Ayant du goût pour les grands mots, les noirs appelaient leur Société « Lycenum[1] ». Ses travaux étaient dirigés par un comité de deux personnes, dont l’une se nommait le visiteur controversiste, et l’autre le visiteur larmoyant. Quelles étaient les fonctions particulières de ce larmoyeur, c’est ce que je n’ai pu apprendre précisément. Un soir, ces noirs discutaient la question de savoir lequel est le meilleur d’avoir ou de n’avoir pas, autrement dit, lequel vaut le mieux pour l’homme du désir, ou de la possession de l’objet désiré. Une autre fois, les orateurs noirs se livrèrent à une discussion des plus vives à propos de cette question : « Le-

  1. Pour Lyceum, le Lycée.