Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
EN CANOT DE PAPIER.

demeure Seba-Gillings. C’est un noir, mais il vous traitera comme un blanc. »

Jacob m’aida à Lancer mon bateau à travers la boue molle où nous allions presque nous engloutir, et en suivant ses instructions, je descendis à la rame de South-Santee à l’Alligator, où d’immenses marais couverts de grands joncs me dérobaient la vue du paysage. À environ un demi-mille de l’embouchure du ruisseau qui était ma route directe jusqu’à la baie du Bull, je trouvai une grande ouverture à l’entrée du canal. J’y entrai, et le remontai. Arrivé à une pointe de terre qui s’élevait, comme une île couverte de joncs, au-dessus du marais, je vis un hameau composé d’une douzaine de maisons ou hangars, et les ruines d’un magasin de riz. Le plus grand nombre des nègres étaient absents, occupés à travailler dans l’intérieur endigué de cette grande propriété, qui avant la guerre produisait quarante mille boisseaux de riz par an, et qui présentement était louée à un ancien esclave. Ce nouveau directeur n’obtenait en somme que peu de travail. Seba-Gillings, un nègre d’apparence vigoureuse, vint jusqu’à la digue sur laquelle j’avais débarqué le canot. Je m’empressai de lui raconter mon histoire, et pourquoi j’avais dû ne pas rester à l’autre village de noirs. Je me servis de Jacob Gilleu comme d’une autorité, pour demander un refuge contre les émanations de ces terres à moitié submergées. Ce personnage important me répondit : « Ne craignez rien, restez ici toute la nuit et aussi longtemps qu’il vous plaira ; je vous traiterai comme un blanc. Je suis bien pauvre, mais je vous donnerai le meilleur de