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EN CANOT DE PAPIER.

avaient été mouillés par l’orage. Le lendemain, fatigué de cette espèce de prison, et pris de crampes faute de mouvement, je lançai le canot dans des eaux agitées, et traversai la rivière pour aller chercher un abri sous le vent de l’île Crow, ce qui me permit d’arriver jusqu’à l’embouchure du ruisseau Atchison, que je traversai à deux milles de la rivière South-Santee.

Tous ces cours d’eau sont bordés par des plantations de riz, dont la plupart ont été abandonnées aux soins des noirs libres. Je n’y ai pas vu un seul blanc. Les maisons et les digues tombent en ruine, et les crues des rivières inondent fréquemment le pays. La plupart des anciens propriétaires, jadis riches, sont aujourd’hui trop gênés pour essayer de cultiver eux-mêmes. Il devient très-difficile de faire travailler les noirs pendant toute une saison, même en les payant bien, et ils préfèrent émigrer dans les villes quand l’occasion s’en présente.

Les rivières Santee, Nord et Sud, se jettent dans l’Atlantique ; mais on trouve si peu d’eau sur leurs barres, que pour aller à la mer beaucoup de produits du pays, tels que : le goudron, le riz, la térébenthine, etc., etc., sont obligés de passer par Georgetown-Entrance. Lorsque je quittai le canal, qui avec le ruisseau offre un passage complet pour les allèges et les caboteurs allant de l’une à l’autre des rivières Santee, un redoublement de la tempête me décida à chercher un refuge dans une ancienne cabane faisant partie d’un village de nègres dont chaque maison était bâtie sur pilotis dans le marais. Mais le vieux noir Surveillant de la plan-