Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
EN CANOT DE PAPIER.

avait la prétention de représenter l’esprit du lieu et du siècle ; il publiait la Comète, tandis que le noir, comme s’il eût été influencé par un esprit de sarcasme, dirigeait la Planète. Le troisième journal représenté était le Temps, de Georgetown. Il avait parlé avec la plus grande courtoisie du petit canot qui était venu de si loin. La Planète se tint prudemment dans l’obscurité et ne dit rien ; mais la Comète, qui représentait la jeunesse lettrée de la ville, publia sur mon arrivée les lignes suivantes : « Tom Collins est enfin arrivé dans son meilleur bateau de papier ; il l’a amarré à la nouvelle scierie de M. Risley, où tout le monde peut le voir. Il se propose de tirer une salve avec son canon de 6, demain matin, avant de lever l’ancre. Hourra ! hourra pour Collins ! »

Je quittai l’excellente maison de M. Risley le lendemain avant midi, et je suivis les côtes de la baie Winyah en allant vers la mer. Près de Battery-White, sur la rive droite, dans les forêts de pins, est le lieu de naissance de Marion, ce brave patriote dont le clairon, du temps de la révolution américaine, appelait la jeunesse aux armes.

Arrivé près de la passe, des rizières occupaient les marais sur une assez grande distance de la côte. De ces terres humides coulait un petit ruisseau appelé Mosquito, qui autrefois unissait la rivière Santee (Nord) avec la baie Winyah, et servait comme de frontière jusqu’à l’île South. Le ruisseau était très-sinueux et le jusant très-fort. À moitié chemin de la rivière Santee, je fus forcé de quitter le courant, car il se trouvait fermé